Dans plusieurs articles précédents, nous avons évoqué la traduction médicale comme l’une des branches les plus complexes et spécialisées de la traduction. Aujourd’hui, nous avons souhaité connaître un peu plus en détail ses caractéristiques et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes entretenus avec Marta, l’une des traductrices médicales de BBLTranslation. Elle est spécialisée dans les domaines médical et pharmaceutique et elle traduit de l’anglais vers l’espagnol et le catalan. BBL remercie Marta d’avoir répondu à nos questions et de nous avoir permis d’appréhender un peu mieux la réalité du traducteur médical.
– Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans un texte médical traduit de l’anglais vers l’espagnol/catalan ?
– En ce qui me concerne, je rencontre des difficultés au moment de comprendre le texte à traduire, surtout s’il s’agit de sujets très spécialisés, ou de sujets que je n’ai jamais traités auparavant. Je ne suis pas médecin et cela implique que je lise et me documente beaucoup pour être capable de traduire de manière sensée une phrase ou un paragraphe qu’une personne avec une formation médicale comprendrait probablement sans difficulté.
– Quel type de spécialisation nécessite le traducteur ? (Formations, aptitudes…)
– Je dirais qu’une formation médicale, vétérinaire, pharmaceutique, en biologie ou similaire, est très utile, même si aucune d’entre elles n‘est indispensable. Pour ceux qui n’ont pas de formation dans la matière, il existe des formations comme celle dispensée au Colegio de Médicos de Barcelona de Medicina (Ordre des Médecins), pour les personnes qui ne sont pas médecins, afin de les aider à s’y retrouver.
– Quelles sont les principales erreurs commises en traduction médicale ?
– Selon moi, il est très important de trouver le registre adapté à chaque texte. Il est évident qu’un document destiné à des patients ne peut pas contenir la même terminologie ni autant de détails qu’un rapport médical ou un article scientifique.
Lorsque nous traduisons pour des patients, nous devons simplifier le langage. Cependant, l’anglais médical, en soi, utilise un langage que nous considérerions comme moins spécialisé. Voici un exemple très simple : en anglais, un texte très spécialisé utiliserait le terme « headache » sans problème tandis qu’en français nous dirions « céphalée » si le texte est destiné à des médecins, mais « maux de tête » s’il s’agit d’un texte plus simple destiné à des patients.
– Quel type d’exigences fixent les clients sur ces types de texte ?
– Il y a de tout. Ce que souhaite le client par-dessus tout, c’est de l’expérience en traduction de ce type de texte concret ou sur ce sujet donné. Certains clients cherchent des médecins traducteurs et demandent à un linguiste qu’il révise la traduction, d’autres font le contraire.
– Quel type de documents est habituellement traduit dans le domaine médical ?
– La liste est interminable ! On peut traduire des rapports médicaux de patients qui ont reçu un traitement à l’étranger, tous les documents pour participer à des études cliniques, les protocoles de ces études, les modifications de ces protocoles, des monographies de produits, des correspondances, des communiqués de presses, des notices de médicaments, des fiches techniques pour les autorités sanitaires, le matériel de formation pour le personnel commercial des compagnies pharmaceutiques, des publicités de médicaments, des instructions de dispositifs médicaux, des descriptions de techniques chirurgicales, des articles scientifiques à publier dans des revues spécialisées, des sites web de compagnies pharmaceutiques, de cliniques ou de centres médicaux, des brochures informatives, des livres… Et je suis certaine que j’ai oublié d’en mentionner.
– Quel type de document est le plus difficile à aborder ? (Notices, rapports médicaux…)
– Pour moi, les rapports médicaux sont un calvaire. Ils contiennent généralement beaucoup, voire énormément d’abréviations. Parfois, une abréviation en médecine peut signifier mille choses selon le contexte, c’est pourquoi il faut comprendre parfaitement de quoi il s’agit.
De plus, étant donné qu’ils ne sont pas rédigés pour être publiés et que la plupart du temps ils sont rédigés rapidement, ils peuvent contenir des erreurs de tout type, et le pire, c’est qu’ils peuvent être écrits à la main !
– Recevez-vous généralement beaucoup de demandes urgentes ? (Par exemple, si quelqu’un est hospitalisé, etc.).
– En ce qui me concerne, je ne me souviens que d’une fois où un patient hospitalisé avait besoin que je traduise un rapport médical envoyé depuis son pays, et dans ce cas c’était assez urgent.
Certains communiqués de presse peuvent également être urgents. Nous recevons l’original et nous avons quelques heures pour le traduire, car la nouvelle sera publiée à la même heure dans le monde entier. Si ce ne sont pas des communiqués, ce sont des notifications de retraits de produits qui, heureusement, ne se produisent pas souvent.
– En fonction du document (par exemple, une notice), en plus de la traduction en elle-même, existe-t-il des exigences légales ou administratives que le texte doit satisfaire ? (C’est-à-dire, pour qu’il soit approuvé par les institutions.)
– Oui, les fiches techniques des médicaments (qui contiennent la traduction des notices et les étiquettes ou l’emballage des médicaments) doivent utiliser un modèle concret de l’EMA (Agence européenne des médicaments) : les modèles QRD, qui peuvent se télécharger dans toutes les langues depuis sa page web, où une terminologie et une phraséologie concrètes sont fixées. Il faut également utiliser la terminologie du MedDRA pour découvrir les effets indésirables, et de l’EDQM pour les formes médicamenteuses.
– Les textes médicaux sont-ils les plus complexes à traduire en matière de traduction ?
– Pour moi, non. Ne me faites pas traduire les instructions d’un moteur, car je ne me sentirais pas bien, ni même un contrat, je les déteste !
La complexité des textes médicaux s’explique par leur aspect extrêmement sensible. Nous ne pouvons pas nous tromper, car si nous nous trompons et nous indiquons que la dose maximale d’un médicament est de 4 g alors qu’en réalité elle est de 4 mg, nous pouvons tuer quelqu’un.